En grande forme ces dernières semaines, Yohan Durand a confirmé son retour au premier plan, ce dimanche matin dans la capitale, en explosant son record personnel en 2h09’21’’. Abderrazak Charik, pour son premier marathon, signe des débuts prometteurs en 2h13’00’’. Les victoires sont revenues au Kényan Elisha Rotich en 2h04’23’’ chez les hommes, record de l’épreuve, et à l’Ethiopienne Tigist Memuye en 2h26’12’’ chez les femmes.
Les apparences sur la ligne d’arrivée d’un marathon peuvent parfois être trompeuses. Lucide, la voix claire, et la coupe de cheveux comme toujours impeccable, Yohan Durand en a pourtant bavé. « J’étais sec, les sept derniers kilomètres dans le bois ont été durs avec un vent qui se levait un peu », raconte-t-il. Si le fondeur de Mais là-bas, j’avais un peu couru en dedans, relativisait-il. Cette fois, c’était le moment de franchir le pas. »
Parfaitement emmené par ses lièvres – « on a eu un rythme régulier tout au long de la course » - l’athlète de 35 ans a été accompagné jusqu’au semi (1h04’31’’) par Hassan Chahdi (AL Voiron), et jusqu’au trentième kilomètre (1h31’25’’) par son ami Florian Carvalho (Pays de Fontainebleau), qui ont finalement mis le clignotant (Chahdi a tout de même tenu à terminer en footing). Le voilà à la treizième place des bilans tous temps hexagonaux, avec une belle option en poche pour la qualification pour les championnats d’Europe de Munich, en août prochain. « C’est bien, ça me repositionne parmi les meilleurs Français, ce qui était mon objectif. Je suis vraiment content, savourait-il, sans tomber dans l’euphorie. C’est un beau retour. »
Presque une renaissance, même, après une opération du tendon d’Achille qui a mis un coup de frein à sa carrière entre 2016 et 2018. L’élève de Pierre Messaoud a d’ailleurs connu une petite alerte au pied en début de course. « J’ai eu peur, mais c’est passé. J’avais aussi un peu mal au mollet assez vite et ça ne s’est pas dégradé. J’ai essayé de faire abstraction de la douleur. Les chaussures aident quand même beaucoup. Ça n’est pas comme avant. »
Débuts réussis pour Charik
Accoudé à une barrière à quelques mètres de là, Abderrazak Charik tentait de reprendre son souffle. Pour ses premiers 42,195 km, le fondeur du Racing Multi Athlon a réalisé des débuts prometteurs. Après avoir laissé intelligemment filer les trois Français, il s’est retrouvé seul dès le trentième kilomètre et a considérablement baissé de rythme sur la fin. Mais il a eu le mérite de s’accrocher pour, au final, une dix-septième place en 2h13’00’’ qui peut lui permettre d’aborder l’avenir avec optimisme. « C’est dur le marathon, on est bien mieux sur 10 km et semi », s’exclamait-il. C’est une nouvelle expérience. Il me reste trois ans pour tenter ma chance et représenter la France aux Jeux olympiques de Paris 2024. Pour un premier, je suis très satisfait. »
Rotich efface Bekele
La révolution technologique des runnings, mais aussi des conditions météo idéales, 13°C à l’arrivée, peu de vent et de belles éclaircies, des lièvres dans le bon tempo et des athlètes conquérants. Voici le cocktail gagnant qui a permis à cinq concurrents de descendre sous le record de l’épreuve, qui était détenu depuis 2014 par l’Ethiopien en 2h05’04’’. Le meilleur d’entre eux a été le Kényan Elisha Rotich, vainqueur en 2h04’21’’.
Memuye au sprint
Les meilleures féminines ont, elle, privilégié une course d’attente, qui ne s’est emballée que dans les ultimes kilomètres. Une stratégie payante pour les Ethiopiennes, autrices d’un triplé avec aux avant-postes Tigist Memuye, sacrée au sprint en 2h26’11’’ grâce à sa belle pointe de vitesse. A noter, chez les Françaises, les 2h45’08’’ de l’ex-steepleuse Maëva Danois, qui découvrait ce dimanche le marathon. La sociétaire de l’EA Mondeville-Hérouville a découvert le bonheur de franchir la ligne d’arrivée de cette distance mythique, au milieu de dizaine de milliers de coureuses et coureurs. Qui, après avoir retrouvé le bonheur de la compétition après des mois d’arrêt pour cause de crise sanitaire, auront la possibilité de remettre ça dès le 3 avril prochain, lors de la prochaine édition du marathon de Paris.
Florian Gaudin-Winer pour Jaimecourir.fr