Actualités
Floria Gueï : Du 400 m au marathon

Les données dévoilées par le baromètre finisher athlé 2024, réalisé par l’Union Sport et Cycle pour la FFA, confirment l’attrait exceptionnel dont bénéficient actuellement les événements running. Parmi les principaux enseignements à retenir, la féminisation et le rajeunissement du peloton, Athlétisme Magazine a recueilli les témoignages de cinq coureuses trentenaires. Parmi elles, Floria Gueï, qui après avoir tenté de décrocher une quatrième sélection olympique l’été dernier sur le tour de piste, s’est lancé un nouveau défi : boucler son premier marathon en 2025. Récit d’une transformation tournée vers le plaisir.

Floria Gueï est marathonienne. Enfin presque. Le 13 avril dernier, la troisième meilleure performeuse française de tous les temps sur 400 m (50’’84) a bien pris le départ du marathon de Paris. Mais elle a été contrainte à l’abandon au trente-deuxième kilomètre. La faute à ce genou droit qui la faisait déjà souffrir sur le tour de piste. « J’avais pourtant fait du renforcement musculaire, mais ça n’a pas été suffisant », peste celle qui vient de fêter ses 35 ans, avant de tempérer d’un sourire : « En même temps, je ne me suis pas arrêtée à cause du cardio, c’est rassurant. Ça prouve que ça devrait passer la prochaine fois. »

Car Floria Gueï ne compte pas en rester là. Elle s’impatiente même déjà à l’idée d’épingler un nouveau dossard, peut-être sur marathon le 26 octobre prochain à Venise. « Histoire de joindre l’utile à l’agréable. » Son nouveau mantra, qui l’a poussée à se tourner vers la course à pied quelques mois après avoir mis un terme à sa carrière sur piste l’été dernier. « J’avais déjà disputé un petit triathlon en relais avec des copines pour m’amuser et on a remis l’idée d’un marathon sur la table après ça. » Les 42,195 km, la relayeuse au finish inoubliable lors du 4x400 m des championnats d’Europe de Zurich en 2014 les avaient « toujours eu dans un coin de sa tête » assure-t-elle. « C’est un challenge assez intense qui me fascinait. » Pas étonnant, donc, qu’elle ait accepté de suivre sa bande d’amies, même s’il a fallu qu’elle adapte sa foulée et qu’elle apprenne à courir plus lentement et surtout beaucoup plus longtemps.

« Le fond, c’est vraiment un autre sport », constate la sprinteuse, qui, jusqu’alors, ne courait jamais plus de dix minutes d’affilée pour s’échauffer. « Au maximum, j’avais peut-être dû courir quarante minutes un jour en Guadeloupe, mais je n’en gardais pas un très bon souvenir. » Les premières sorties ont d’ailleurs été assez éprouvantes. « Techniquement, c’est très différent du 400 m. Il a fallu que je trouve une foulée plus confortable et plus relâchée car, au début, j’avais tendance à être beaucoup trop raide et crispée, avec les épaules un peu trop hautes, même mes bras ne m’aidaient pas. Je m’épuisais hyper vite et c’était difficile de tenir longtemps. » Même chose côté souffle. « Sur 400 m, on me reprochait souvent de courir quasi en apnée, mais là, ce n’était vraiment pas possible. Il a donc fallu que j’apprenne à respirer sans m’essouffler. »

Une aventure sans acide lactique

Floria Gueï y est allée crescendo, sans brûler les étapes. Elle a augmenté progressivement le kilométrage au fil des sorties et a suivi son instinct, ainsi que les précieux conseils de ses amies et notamment de Charline Simon, sa pote triathlète et coach. Son premier 5 km fut sa « première victoire », puis ont suivi ses premiers dossards sur le 10 km de la Tour Eiffel en un peu plus de 50’, en décembre 2024, puis le semi-marathon de Rome-Ostie en un peu plus de 2h le 2 mars dernier, des expériences fortes et intenses. « Un trip incroyable » écrira-t-elle sur les réseaux sociaux, qui l’a amené à « se redécouvrir » en tant qu’athlète. « Chaque foulée est une invitation à sortir de ma zone de confort et à me prouver que je suis capable de repousser toujours plus loin mes limites ». Aujourd’hui, même si elle a buté au 32e kilomètre à Paris, Floria l’assure : « J’ai vraiment accroché à cette discipline ! » Ce qu’elle aime ? Ce côté aventure inhérent à tout nouveau challenge. « Sur la ligne de départ, on ne sait jamais si on va réussir à aller au bout. C’est vraiment un combat contre soi-même au cours duquel on peut se parler et s’encourager », décrit-elle, avant d’évoquer la longue côte qu’elle n’avait pas vu venir au 13e kilomètre du semi italien. « Comme je ne voulais pas me mettre à marcher, j’ai adapté mon allure et je me suis boostée en me donnant des conseils. » Autre détail, et non des moindres pour une ex-spécialiste du tour de piste : « Sur ces distances, on ne vit pas la montée d’acide lactique à l’entraînement. Et ça, c’est vraiment cadeau par rapport au 400 m où tu finis souvent par terre. »

Certes, la native de Nantes installée à Montpellier n’aspire plus à grimper sur les podiums aujourd’hui. Elle a d’ailleurs réduit sa charge d’entraînement de moitié, avec trois séances par semaine, afin de se consacrer davantage à sa famille et ses deux enfants, ainsi qu’au lancement de sa future société, mais elle reste une compétitrice dans l’âme. Après le marathon, elle s’imagine d’ailleurs allonger encore la distance, pourquoi pas sur un trail ou même un ultra. « Quand on me charrie et qu’on me rappelle que je n’étais pas capable de courir 5 km avant, ça booste ma motivation », sourit-elle. En revanche, une chose est sûre. Pour y parvenir, elle ne remettra plus les pieds sur une piste. « Je préfère aller courir en pleine nature. »

Rédaction J'aime Courir, le 05/06/2025 00:12:00
Vous serez peut-être interessé par des articles sur la même thématique
Témoignage
« Je ne voyais qu’une issue possible : m’en tirer »
Triple championne de France du 5000 m et internationale de cross durant près de 13 ans, Christine Bardelle avait été contrainte de mettre un terme à sa carrière en 2018 afin de lutter contre un lympho
JE découvre
Témoignage
Floriane Hot : « Dès que je cours je me sens bien »
Petite, Floriane Hot aimait courir après le ballon sur les terrains de football. Devenue contrôleuse aérienne, elle s’est découvert une passion pour la course à pied en courant son premier marathon à
JE découvre
Témoignage
Blandine L’hirondel : Une trajectoire atypique
Sacrée championne du monde de trail en 2019, trois ans seulement après avoir accroché son premier dossard, Blandine L’hirondel a connu une ascension fulgurante. Et pourtant rien ne prédestinait cette
JE découvre
nos partenaires
Vous avez une question ?
besoin d'un renseignement ?
CONTACTEZ-NOUS : cliquer ici
Suivez-nous