Pourquoi se contenter de la monotonie quand on peut varier les plaisirs ? Pourquoi rester sur une route droite et plate quand un terrain vallonné présente, souvent, bien des avantages ? Illustrations.
On a, parfois, trop tendance à vouloir courir dans les conditions de la compétition. Or si le principe ne cause que peu de tort aux traileurs, se contenter de footing sur la route, ou sur des terrains plat, n’est pas vraiment dans l’intérêt des coureurs de 10 km ou plus.
Un exercice d’adaptation cardiaque
« Un terrain vallonné, c’est prendre l’habitude de gérer des rythmes différents, plutôt que de se transformer en diesel qui va toujours à la même allure », prend comme image Patrice Binelli, référent J’aime courir et membre de la Direction technique nationale. Un enchaînement de montées et descentes, même douces, fera en effet forcément varier le rythme cardiaque, en fonction du relief, bien davantage en tout cas que lors d’un simple footing que sur le plat. Un sorte de séance de fractionnés légère et sans chrono, donc.
« On prépare donc son corps : on lui permet d’apprendre à anticiper les efforts, de savoir lever le pied si besoin, d’être plus économique, ou de poursuivre son effort derrière une montée... Le jour de la compétition, il ne sera pas perdu quand il faudra changer de rythme, il saura s’adapter à toutes les situations. Courir sur des terrains toujours plats, dans un cadre ‘‘lyophilisé’’, sans accroc, ce n’est pas le meilleur moyen d’y parvenir. Même si un travail de rythme très spécifique se fera toujours sur le plat, bien entendu. »
Une préparation musculaire naturelle
L’enchaînement des montées et descentes possède une autre vertu : il permet de travailler musculairement et physiquement. « C’est d’abord, en premier lieu, un travail d’intelligence du pied, assure l’entraîneur. Cela permet d’être plus solide sur ses appuis une fois revenu sur le plat. On sollicite le cardio, c’est vrai, mais aussi le système musculaire. »
Niveau muscles, ceux-ci ne sont pas en reste, en effet. « C’est déjà un vrai bénéfice pour la condition physique.
Dans le cadre d’une préparation physique générale, c’est déjà intéressant. Et même au-delà, on doit s’adapter musculairement à la pente, qu’elle monte ou qu’elle descende. » Une sorte de musculation naturelle, sans être pour autant enfermé dans une salle, en somme. « Et le travail en descente est loin d’être le plus facile, contrairement à ce qu’on pense parfois. C’est un registre qui change radicalement de nos habitudes. Voilà pourquoi les cross, dont la saison se termine avec les championnats de France, sont importants. »
Un levier contre la monotonie
Enfin, on n’oubliera pas l’intérêt psychologique d’une sortie où on varie un peu les plaisirs. « Ne pas s’enfoncer dans un train-train où tout roule tout seul est important, pointe Patrice Binelli. Un terrain bosselé, c’est aussi une source de motivation, une façon de lutter contre la monotonie. D’autant qu’on est souvent obligé de changer de parcours pour trouver un terrain vallonné. Or c’est bien de ne pas standardiser ses circuits, de les renouveler, de ne pas toujours courir aux mêmes endroits. » Si on peut joindre l’utile à l’agréable…
Cyril Pocréaux pour J’aime courir
« On permet à son corps d’apprendre à anticiper les efforts, de savoir lever le pied ou poursuivre son effort… »