On évoque rarement ses bienfaits mais, bien appliqué, le chaud peut, lui aussi, s’avérer un allié précieux du coureur. Même s’il a moins de vertus curatrices ou anti-inflammatoires que le froid, il peut permettre de mieux récupérer musculairement.
Si le froid, sous forme de poche ou concassé en glaçons, est paré de nombreuses vertus dans le landernau des coureurs, on évoque moins souvent le rôle que peut jouer la chaleur, appliquée localement ou ponctuellement, sur l’organisme. Ses effets, pourtant, peuvent avoir un réel intérêt, à condition de savoir quand et comment l’appliquer…
Une augmentation du flux sanguin
« Théoriquement, le chaud permet une détente musculaire sur les zones contracturées, grâce à une meilleure vascularisation de la zone concernée, explique Jean-Michel Serra, médecin en charge des équipes de France d’athlétisme. Contrairement au froid qui provoque une vasoconstriction et ralentit ainsi la circulation sanguine, le chaud permet de mieux drainer les zones musculaires un peu chargées ou abîmées après une séance.
Le flux sanguin, en augmentant, va permettre de mieux transporter tous les facteurs cicatrisants vers le muscle. » Il est question, ici, de ces dispositifs qui permettent de faire monter localement la température : patch chauffant, compresse d’eau chaude, crème chauffante…
Attention, toutefois : « Le phénomène reste modeste, car l’augmentation de la vascularisation est avant tout superficielle, pas vraiment en profondeur, quand on applique une poche chaude sur un muscle. » Prenez garde, surtout, à ne pas vous tromper… « Surtout pas de chaud sur un saignement ! prévient le médecin. Il faut dans ce cas ralentir l’hématome avec du froid. » Dans le doute, mieux vaut s’abstenir plutôt que jouer la santé de son muscle sur un coup de dés.
De la crème chauffante…
Autre bienfait, avant de courir cette fois : la sensation d’être prêt à l’effort quand le froid mord, dehors. « Au terme de la phase d’échauffement, le fait de se passer une crème chauffante sur les cuisses par exemple aidera à entrer plus facilement dans la compétition ou la séance, en permettant de moins ressentir le froid », observe Jean-Michel Serra.
Ah, la douce odeur des crèmes chauffantes qui monte dans le gymnase avant le départ… « Mais attention, cela ne peut en aucun cas remplacer l’échauffement, prévient le médecin. Il ne s’agit là que d’une sensation, et la crème ne permet pas aux muscles ou aux tendons d’être en état de fonctionner correctement. Bien s’échauffer reste indispensable. »
… au hammam.
Autre technique radicalement différente, mais de plus en plus prisée, le hammam, ou le sauna. « On reste sur le même principe d’activation du flux sanguin par vasodilatation, mais avec en plus un effet sur la sudation, décrit le docteur. D’ailleurs, ici, mieux vaut envisager le hammam que le sauna, ce dernier ayant tendance à avoir un effet déshydratant important. Or si on ressent des contractures, mieux vaut ne pas être privé d’eau. Le sauna est d’ailleurs assez difficile à supporter sur le plan cardio-vasculaire si on y reste trop longtemps. » Priorité au hammam, donc, dont l’ambiance humide correspond mieux aux besoins du coureur, qui permettra un meilleur relâchement musculaire et une meilleure relaxation. Car l’idée directrice reste la même : permettre aux muscles de mieux digérer les efforts imposés par la course. En la matière, du patch qu’on passe au bain-marie jusqu’à la cabine du hammam, la palette est suffisamment large pour se faire du bien, à condition de ne pas jouer avec le feu.
Cyril Pocréaux pour J’aime courir
« Le chaud permet une détente musculaire, grâce à une meilleure vascularisation. »